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Cet article n’est pas un plaidoyer pour ou contre l’or, bien que sur l’échiquier des actifs financiers ce métal traverse haut la main l’épreuve du temps. C’est une réflexion sur la place d‘une relique barbare (telle que la décrivait M. Bernanke, ex patron de la Réserve fédérale) dans le monde technologiquement avancé d’aujourd’hui.
Ce métal précieux garde des qualités dont nos autorités monétaires, prêtes à faire marcher la planche à billets à l’infini, pourraient bien s’inspirer. En abaissant les taux d’intérêt à des niveaux historiquement bas aux Etats-Unis suite aux événements du 11 septembre 2001 et de nouveau après la crise des subprimes de 2008, elles ont conduit des investisseurs privés à se tourner de plus en plus vers l’ingénierie financière pour espérer générer des retours sur investissement suffisants.
Le recours à des véhicules de Private Equity (actifs portant une espérance de gain à long terme), l’utilisation du levier, l’achat de stratégies s’appuyant sur une dynamique de mouvement d’évolution des cours (plutôt que sur une analyse de la valeur intrinsèque d’un actif), voire même la vente de volatilité pour générer des primes, font partie de la panoplie des solutions d’investissements répondant à ce besoin de rente. Cependant, cette demande d’ingénierie n’a fait que gonfler et complexifier nos systèmes financiers.
La survenue d’un phénomène exogène, la Covid19, a révélé la fragilité de ces excès. L’interconnexion entre de nombreux intervenants, par exemple, a démontré que le risque ne se limite plus à l‘investissement même, mais englobe aussi la contrepartie avec laquelle un investisseur travaille, le marché sur lequel il intervient et l’institution qui le finance (lorsqu’il s’appuie sur du levier). En termes simples, cette recherche effrénée de rentabilité a contribué à la construction de ce que certains appellent un gigantesque château de cartes.
Pour répondre au choc de 2020, les Banques centrales ont eu recours aux solutions habituelles: baisse du loyer de l’argent (quand elles le peuvent), apport en liquidités et achat d’actifs pour soutenir les cours boursiers. Cette fois, la planche à billets est particulièrement sollicitée pour préserver ce système financier complexe évoqué plus haut. De plus, l’exemple des opérations monétaires de la Banque du Japon montre que l’achat d’actifs peut s’appliquer pendant longtemps, sans conséquences trop fâcheuses… pour l’instant!
Quid alors de nos monnaies papiers imprimées en abondance par nos banquiers centraux face à l’or, ce vestige du passé?
L’or a survécu aux turpitudes du temps. Par nature rare et difficile à obtenir, ce métal précieux attirait jadis la confiance. Les générations qui nous ont précédés le percevait comme un bien, ayant de tout temps existé, qui pouvait conserver une certaine valeur à travers les âges. Ces qualités restent d’actualité.
La concurrence entre une monnaie papier disponible en quantité infinie et un or existant en quantité limitée se résume à un combat de confiance. Peut-être que l’Or en sortira vainqueur pour reprendre ses lettres de noblesse et son statut de «Seignor financier»… L’avenir nous le dira.
Colonne par Steven Groslin, Executive Board Member et Portfolio Manager chez ASG Capital.
ASG Capital est une Société de Gestion régulée. L’information présentée est à des fins éducatives seulement et n’a pas intention d’offrir ou solliciter la vente ou l’achat de valeurs mobilières, d’investissements ou de stratégies de placement spécifiques. Les investissements comportent des risques et, sauf indication contraire, ne sont pas garantis. Assurez-vous d’abord de consulter un conseiller financier et/ou un fiscaliste qualifié avant de mettre en oeuvre toute stratégie dont il est question dans le présent document.